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20 février 2011 7 20 /02 /février /2011 03:49

            Pour Lyre en double au François Coppée ( vendredi 18 février 2011 )

 

 Je dédie mon intervention à Andrée Chédid dont j'ai mis en exergue de mon blog la citation connue : " Si la poésie n'a pas bouleversé notre vie, c'est qu'elle ne nous est rien ". La poésie d'Andrée Chédid est bien,  d’ailleurs, elle-même bouleversante.


 Ce  recueil qui a été, par les hasards de l'édition, le premier que j'ai écrit, correspond à mon entrée quotidienne en poésie. Celle-ci s'est faite dans le " ravissement ". Je reprends le mot employé par Rober Walser pour parler de ses premières expériences d'écriture poétique. Un ravissement sur lequel on pourrait longtemps s'étendre qui est certainement, tout d'abord, celui du langage, ce désir profond, comme un désir charnel, de trouver le mot juste. L'occasion qui m'est donnée ici de vous faire partager ce qui m'occupe le coeur et l'esprit depuis ces dernières années m'est une grande joie.

 

Je partirai du titre, le premier que j'ai donné, d'autant plus important que je ne donne jamais de titre à mes textes, considérant que cela donnerait une clôture au dialogue et à la réception poétique.

Je commencerai par la deuxième partie du titre : " en double ". Depuis toujours le thème du double fait partie de ma vie. .

La gémellité, en effet, m'a toujours fascinée. Enfant gémeau, j'aurais voulu une soeur jumelle et il me reste le souvenir d'un petit livre de la collection rouge et or où deux jumelles habillées de la même façon sautaient ensemble à la corde. J'ajouterai que, pour l'avoir vécue, l'expérience du dédoublement est tout à fait particulière. Elle est à la fois impressionnante et angoissante. Le thème du double, j'ai eu l'occasion de le lire dans la présentation d'une édition scolaire,  est l'un des plus terrifiants en littérature. L'affirmation du double est nette dans le texte de la page 40 où j'ai écrit :

 

  " Sans l'écho de ta poésie

            tu es

       l'orpheline

 

 sans toi  mon double

  vertige   au bord de mes mots

         bégayés

            puis

         enfouis

dans le sable de notre inconscient

 je veux recoudre ici ce cœur coupé

  voix à l'avenir monocorde

cri unique de nos vies jumelles "


                                                                                                                          

 Mais après cela, Je tiens à dire que plus je m'exprime par l'écriture, plus l'allusion autobiographique, qui reste rare,  m'est  beaucoup moins douloureuse qu'au début. J'ai réservé, en les éliminant de Lyre en double, pour L'Orpailleur publié chez Encre Vives, les textes les plus autobiographiques.

Mais dans Lyre en double, avant de parler du pronom " tu ", on peut parler quand même d'un " je " autobiographique. La présence de certains mots le prouve : celle du lilas, l'arbre de ma grand-mère et ma fleur préférée qu'on peut retrouver dans Le Chant de l'enfance, cette rose des sables liée à mon enfance également, cadeau à ma mère d'un cousin à son retour du Sahara, qui se trouve, depuis que j'ai parlé d'elle, sur mon bureau, en Bourgogne, mon alma mater. Ces deux fleurs sont réunies dans le texte page 14 qui tente de recréer le monde de l'enfance :

 

" Le tremblement de ta main

                          quand tu m'as tendu la rose des sables

 

Pourquoi émue me suis-je réfugiée sous le lilas ?

Pour retrouver sans doute le chant des rondes d'enfants

 Ton regard bleu

                        qui m'a suivi de loin

et la courbe arc-en-ciel

                       de l'adieu de ton bras

 Je suis partie en larmes

serrant cette fleur de pierre "

 

Il y a quelques autres exemples autobiographiques dans ce premier recueil mais je me contenterai d'évoquer ces trois-là car c'est surtout, pour moi, le " je " du poème,  celui du moment de l'écriture, qui compte et j'ai été frappé par la phrase de Lionel Ray dans  L' Invention des bibliothèques  : " Je ne me souviens pas, j'invente ". ( 1 )

Et si, comme l'a dit Jaccottet, dans une interview au monde, le 26 mars dernier, les poètes doivent parler " à partir de leur expérience propre et comme sous sa dictée " de sorte que les poèmes soient aussi divers que les expériences, il m'est arrivé à moi-même d'écrire plus tard " j'écris guéri sous la dictée d'un ange ". ( 2 ) Un ange comme ceux de l'Ouvert de Rilke.

 

C'est enfin d'altérité que je dois vous parler à propos de " lyre", cette première partie du titre et donc de lyrisme. Ici même, au François Coppée, Abdellatif Laâbi m'a dit que la poésie était la " présence au monde " et j'ai souvent retrouvé cette définition au cours de mes lectures. La poésie est aussi, pour moi, avant tout, " présence aux autres ", cette " main tendue " dont parle Paul Celan. Elle est ce dialogue qui va jusqu'à l'osmose jusqu' à " se penser comme un autre ", a dit Paul Ricœur.

 Il me faut citer aussi ce qu'écrit Henri Meschonnic dans Et la vie coule :" J'ai tellement regardé regardé les autres/qu'ils sont une part/maintenant de mon regard.".

Cet autre, je l'ai rencontré, dans la poésie contemporaine et exprimé moi-même sous la forme du pronom " tu ". Comme bien des poètes que je n'ai pas le temps de citer ici, il a signifié en premier le dialogue avec moi-même mais aussi avec l'autre - l'autre absent, l'autre disparu, le lecteur également puis le "je " et le  " tu" ont fusionné en " nous ". Comme le dit encore Lionel Ray, parlant de son emploi " quasi systématique dans l'oeuvre de Celan ", le " tu " est " un principe d'accord intime entre lecteur et auteur ou une condition incontournable et singulière du lyrisme ". Même si ce pronom se fait de plus en plus neutre, il entre bien dans la définition du lyrisme.

Celui-ci m'a semblé avoir encore une telle importance, dans la poésie contemporaine qui m'émeut et dans mon écriture, que je le lui ai consacré le premier mot de mon premier titre. 

 Le lyrisme, en effet, comme le dit Jean-Michel Maulpoix dans son essai critique La poésie comme l'amour où ils parlent des nouveaux lyriques auxquels je me suis  sentie, modestie à part, appartenir, " consiste à accueillir l'anonyme en soi ",  à atteindre la crête impersonnelle ", comme l'a écrit aussi Jacques Réda. Maulpoix dit plus loin que " le lyrisme découvre le " moi " par le détour de l'autre. Dans un de mes recueil suivants L'Un contre l'Autre : Gegenüber, j'ai tenté d'approfondir cette imbrication du " je " et du " tu". La citation d'André Chédid que j'y ai mise en exergue en témoigne : " A force de m'écrire / Je me découvre / Je recherche l'Autre ".

 Ce " tu ", dans mes versets en cours, n' est plus employé  systématiquement. Tout  n'en étant moins la part manquante, il reste un reliquat d'inquiétude et, sans doute, un procédé d'écriture qui distancie le " je ". Cet effet, Jean-Michel Maulpoix en parle dans le même essai à propos des Poèmes de Samuel Wood de Louis René - des Forêts : " En logeant sa parole dans la voix de Samuel Wood, il ( le poète ) se met lui-même à distance, se détache de soi, se dédouble pour mieux se considérer ". La transposition du " je "est bien une réponse métaphorique à la crise du sujet qui questionne plus qu'il ne célèbre, une manière de mettre à distance  l'illusion lyrique et de maintenir la présence du chant.

 Pour  expliquer encore cette deuxième partie du titre, je dirai que c'est vraiment ma " lyre " que j'ai prise pour chanter les deux premiers vers du recueil " Quand montent enfin les mots / Et que des rires alors forment un écho ".

 Ainsi la devise que j'ai mise en tête de mon blog " de la musique avant toute chose ", bien que rebattue, n'en est pas moins essentielle. Je pense que le cliché, s'il est profondément sincère, est intéressant au point de ne plus en être un. Tard dans ma vie je me suis découverte musicienne quand, dans le rythme de la marche - si importante pour beaucoup de poètes comme André du Bouchet, Robert Marteau - en traversant le bois pour aller travailler, je composais des textes que j'associais spontanément, de façon synesthésique, à un air.

Plus tard, après Lyre en double, forte de l'idée qu'il n'y a pas de musique sans silence, tout en écrivant des textes plus longs, avec les douzains du Chant de l'enfance, j'ai écrit ceux très brefs de la Fiancée du silence publiés aux éditions Encres Vives.  

 Il s'agit donc bien encore de lyrisme et cette  plainte douloureuse qu'est l'élégie  – j'emploie moi-même le mot dès le deuxième poème – en fait partie. Celle-ci est profondément liée au thème du deuil.

A ce sujet je dois tout d'abord remercier Guy Chaty, même si je n'ai pas encore lu sa note critique, de m'avoir dit qu'il avait vu dans Lyre en double un deuil. Il m'a permis  de reprendre une réflexion déjà ancienne et au départ autobiographique. Mais il faut aller beaucoup plus loin que le sens propre du mot " deuil " et parler davantage de la " perte ". C'est dans le livre de Martine Broda L'Amour du Nom qu'on trouve la meilleure analyse de ce thème. Plutôt que celle du " moi ", le lyrisme pose, d'après elle, la question du désir mais le poème " toujours marié à quelqu'un ", comme l'a dit René Char, ne s'adresse pas à des objets d'amour empiriques ou biographiques mais à l'Autre, figure de la perte sans objet perdu, pur manque d'où procède jusement tout désir.

Lionel  Ray confirme cette idée dans L'atelier des poèmes qui suit Syllabes de sable quand il conclut, après avoir parlé du " tu et du toi quasi systématique dans l'oeuvre de Paul Celan " et de l'écoute, propre au lyrisme d'un " interlocuteur absent ", en disant " Le poème ne dit rien d'autre que l'irréparable, l'ineffaçable perte ".on s'en rend compte dans le texte page 16 :

" L'arc-en-ciel s'est courbé

pour saluer ton départ

 J'ai cueilli ta couleur

Lilas dans l'azur

Cimetière sous mes bouquets

 Ton repos sous la pierre

en attendant la lune

 J'ai longé les caveaux

Fleurs alors assoiffées

A l'aurore larmes de rosée "

 Et il s'agit bien, en définitive, d'un rapport du poème à l'amour impossible. Le deuil, autobiographiquement ancien, serait dépassé et on aurait bien plus exactement, pour reprendre, à propos de ce qu'elle appelle le haut lyrisme,  une définition de Jacqueline Risset, en germe dans Lyre en double et exprimée encore dans mes versets en cours, " une perte avec laquelle ( le lyrisme ) se tient  dans un rapport d'horreur et de joie ". Une perte qui dépasse le sujet lui-même, qui est bien le problème essentiel de la condition humaine. C'est dans ce sens que je pense que " cette émotion appelée poésie " est ce qui reste quand on a tout oublié et que, face à cette émotion, il n'y a pas de poètes plus grands ou plus petits que d'autres.

Ce deuil permanent, pour conclure est, pour moi, associé à la résilience que favorisent les mots : on trouve ainsi page 15

" Moment de grâce pour la nuit de mes mots / qui cherchent ton visage consolante sève de ma vie sans toi ", chute du poème page 15, comme on peut lire dès la première page :

" Je t'aime encore / Dans cette page qui apaisera ma soif ".

Rilke l'a d'ailleurs dit lui-même : " la perte…  au fond ce n'est qu'une seconde acquisition, toute intérieur cette fois et autrement plus intense ". ( 3 )

Mais cet amour impossible n'est-il pas un amour au figuré, un amour originel ? Celui que traduit l'exergue de ce recueil que j'ai trouvé chez Claude Roy dans L' Etonnement du voyageur: " Il faut être deux et que passe un courant pour que la poésie soit. "

Cet amour n'est-il pas celui de la poésie elle-même quand j'ai écrit " Rien n'apaisera ma soif d'écrire " ?

J'ai écrit également, dans Le Bûcher du phénix, dont je vais parler, " Je suis  sidéré par le marbre de l'amour des mots / Quand ma langue – ma mère me parle mon bleu devient de l'or " avec, dans ce dernier vers, les couleurs du symbolisme qui ont marqué ma jeunesse étudiante.

Et l'écriture n'est-elle pas elle-même enfin – un adverbe-clé dans mes textes - cette soeur jumelle ? Il faut page 19 lire : " mon poème / ce jumeau qui se consume pour toi ". Elle est bien, de toute façon, une " rencontre avec soi-même ", pour reprendre l'expression d'Yves Saint-Laurent définissant sa création artistique le jour de ses adieux au monde de la mode.

Tout cela expliquerait, même si, à force d'écrire, le questionnement perdure de plus en plus, la paix trouvée en poésie.

C'est, dans ce sens, que j'ai pu mettre en troisième titre, avant celui de " Braises ", "  La peur commence à s'éloigner ." 

 Le feu qui purifie couvait ainsi sous la cendre, le feu de l'écriture, ce qui permet de lire page 32 " Retrouve au départ de tes mots /  ton écriture lustrale ".Les titres  " Cendres et " Braises " annonçaient sans que je le sache un de mes recueils suivants publiés chez Encres vives Le Bûcher du phénix. L'oiseau si cher à Eluard est symbolique de mon fonctionnement en hauts et bas et je suis persuadée que la poésie permet, après la perte et l'acceptation des cendres, cette renaissance parfois même quotidienne.

Elle est cette suite de cris depuis le premier, celui de l'accouchement comme on peut le lire dans le premier vers de mon texte page 43, sans doute l'acmé du recueil : " Ma poésie, ma troisième fille " authentique constatation autobiographique comme si l'écriture était une enfant de chair.

 Ainsi, Lyre en double,  premier volet d'un triptyque, est-il vécue entre cendres et braises puis, dans la dernière partie, la digue des mots enfin rompue, l'orpailleur trouve son or. Page 63 :

  " Pour le salaire d'un roi

toi l'orpailleur   au lit du fleuve

tu arraches la manne de tes mots passés au crible

 Oubliée la terre du silence

en jachère depuis tant d'années

 Tes syllabes sont les gemmes

bourgeons miraculeux

de nos étoiles jumelles "

 C'est l'aurore d'une histoire au cours de laquelle les vers vibreront jusqu'à la nuit de la rencontre puis jusqu'au zénith, à la toute fin du troisième volet L'Un contre l'autre qui se boucle avec la répétition de la citation de Claude Roy.

 Dans l'entre-temps du deuxième volet de mon triptyque, Odyssée en double publié chez Encres Vives, " le marcheur bouleversé " voyage à travers l'écriture et, par là, à la recherche de l'identité et de l'altérité. J'ai eu, à propos de ce recueil ,,l'occasion d'écrire que seule est insubmersible la barque des mots et que chaque texte est un périple mental.

  Pour terminer je parlerai - et c'est en rapport avec ce que je viens d'exprimer - des conditions dans lesquelles est né le recueil et de ma méthode de travail.

C'est en découvrant Syllabes de sable de Lionel Ray que j'ai, tout un été, employé, après lui, le "tu" introduit par nos auteurs contemporains, en le systématisant par nécessité.

 Et j'ai surtout, à l'occasion de cette lecture, constitué, comme on le pratique en atelier d'écriture, des réservoirs de mots. Sans que les poètes soient tous, à l'heure contemporaine, des poètes du signifiant, ils ont, après Mallarmé, et j'en suis marquée, une conscience profonde, celle que l'ont fait des poèmes avec les mots.

" Tout oeuvre est une réserve de mots qui attendent du sens " a écrit Borgès

" Le mot est déjà un poème en soi "  a écrit Attila Joszsef 

" Les mots appellent les mots par les allitérations " : a dit Sylvie Germain sur France Culture pour son roman l'Inaperçu.

Et de cette inspiration qui m'est venue et que j'ai continué à nourrir de lectures sont nés en quelques années magiquement des centaines de textes.

 J'ajouterai que j'écris spontanément  en vers pairs mais cherche à casser cette convention en les faisant boiter. C'est Lionel Ray encore qui définit  lui-même la boiterie dans le rythme des strophes de  Comme un château défait  composées de " trois vers, puis deux, puis trois, mariant le pair avec l'impair ". Il s'agit, pour moi qui aie été nourrie de grammaire de casser aussi la syntaxe. Et si j'ai écrit page 37 : " trahir son rythme.../ Audace déjà de celui qui crie ", on peut lire déjà dans le texte précédent cette deuxième strophe :

" Mais je préfère enfant terrible d’une génération soumise

le silence la solitude la mort

plutôt qu’une vie sobre – respect

de la grammaire des rimes et du bon rythme "

Cette boiterie, je l'élargis au sens même du texte où les contraires s'entrechoquent et à la fois se rapprochent. Ainsi, le " tu " et le " je ",  les " cendres " et les " braises ", la parole et le silence, la présence et l'absence, le son et le sens , la voix et l'écho.

 Cette attitude divergente m'a fait vivre mon entrée en poésie comme  "en dissidence ", pour reprendre une expression d'Edmond Jabès, et j'ai eu l'occasion de dire ici, au sujet de l'engagement exprimé par la poésie, que celle-ci, sans que j'ai le temps d'en dire davantage, est un engagement de soi-même.

Il me faut en témoigner par le texte page 62 :

  " Tu conduis pour moi ton poème-oiseau

( rappelle-toi l'escadrille de Malraux

dans le ciel noir d’Espagne )

 Ses ailes s’ébrouent dans le blanc de ta page

 Les cordes de ta lyre

forment ce tableau de bord

que j’effleure de mes doigts 

Nos mots seront des bombes pour nos révolutions"

 

Je rappellerai, enfin, à propos de la magie de l'inspiration, l'expérience de Rilke qui écrit sa première Elégie " sans aucune intervention de sa part ", comme le note Fabrice Midal dans son essai récent Pourquoi la poésie ?  Et ce phénomène, comme bien des poètes certainement, je l'ai souvent éprouvé.

 S'ajoute à cela une méditation dans la détente du corps et de l'esprit où on laisse venir les idées, monter l'émotion  en laissant de côté l'inutile pour garder l'essentiel et  libérer du sens

Ainsi ai-je écrit récemment dans un de mes versets en cours :

" quand je suis lent au début puis nourris de chant mon impatience et cherche des vers pour soulever des voiles

Heureux d'avoir vu le jaune de Charleville j'invente clé trouvée dans ton regard des signes  pour effacer la mort qui les efface " ( 4 )

 

 Avec l'adverbe " enfin " que j'ai utilisé, comme je l'ai déjà dit, de façon récurrente, il convient de dire, en conclusion, que l'écriture poétique, à mon sens, correspond à un certain aboutissement et même si le questionnement perdure et s'accroît, - même si Jacques Dupin a dit " La poésie ne comble pas, elle approfondit le manque "-  elle correspond, pour moi, à un épanouissement. Avec la rencontre de l'autre, elle ne peut qu'apporter un oubli bénéfique de soi. L'idéal de l'écriture poétique auquel j'aspire se laisse entendre dans le dernier texte où s'est exprimé sans doute, ce jour-là, mon aspiration, dans un mouvement vers autre chose, vers  l'Ouvert, vers un nouveau langage.

" Ainsi dans le dernier texte du recueil :

 Ta terre s'est ouverte

comme la bouche d'un oracle

 Tu n'auras plus de sol

où laisser tes empreintes

comme tu n'as plus de ciel

où peindre des nuages

 Laisse ce trou béant

aspirer tout ton or

Ta terre t'a emporté

comme la lave d'un volcan

 Garde aussi tes yeux clos:

ta nuit sera l'abri de ton imaginaire "

 

( 1 ) Gallimard, p. 104

( 2 ) Le Chant de l'enfance

( 3 ) Lettres à un jeune peintre, Paris, Somogy : Archimbaud, 1998, p. 50, cité dans Pourquoi la poésie ?, Fabice Midal, Pocket, p.86

( 4 ) Terres de mémoire, Georges-Emmanuel Clancier, page 122

 

 

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