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3 mai 2011 2 03 /05 /mai /2011 10:39

                                              Petit chantier de poème

 

 

***" De qui vient la première blessure ? même à l’écart des hommes la foudre peut t’atteindre tu as beau allumer des feux sur ta colline

 

 

 

Et pour conjurer le sort y répandre des semences j’ai confiance moi aussi en l’invention humaine j’ai pour séduire fait sécher mon lilas

 

 

 

Dans ma peau opéré les coutures et nos murs sont tombés ne regrette pas les larmes que tu m’as fait couler "

 

 

 

Réservoir :

 

colline – mur – écart – confiance – naissance – foudre – couture –

répandre – boire – inventer – sécher – allumer

obscur – bref – haut – parmi

 

 

I     

 

En choisissant les mots de mon réservoir dans la sélection remarquable des poètes français de l’Anthologie méditerranée de Gallimard préfacée par Yves Bonnefoy j’ai privilégié "  blessure "  à "  morsure ", terme, selon mon intuition du moment, plus limité sur le plan de la création poétique     

 

L’écriture du texte s’est faite d’un premier jet provoquant alors un contre-sens à corriger pour éviter un langage arbitraire où une nouvelle réalité ne pourrait pas avoir en elle-même sa cohérence. J’ai donc tout d’abord changé la troisième phrase de la  première strophe en supprimant  "  as beau "  rendant ainsi au texte sa signification positive. La métaphore de la colline est devenu ainsi une expression d’un espoir possible.

Le début de la deuxième strophe en a été elle aussi immanquablement  changé. J'ai ensuite supprimé la conjonction " et " opérant une parataxe pour marquer l'action tout en rejetant le complément de but après l'objet direct " semences ".

 

Il me restait à changer "  hommes "  en "  autres "  car j'ai une réticence envers les répétitions et même les mots de même famille. J’ai en effet déjà donné à la deuxième strophe ma confiance, après avoir hésité quelques secondes, si mon souvenir est bon, à  "  l’invention humaine ". 

La version suivante n'est qu'une deuxième étape.

 

 

***" De qui vient la première blessure ? même à l’écart des hommes la foudre peut t’atteindre tu as beau allumer des feux sur ta colline

 

 

 

Y répands des semences pour conjurer le sort j’ai confiance moi aussi en l’invention humaine j’ai pour séduire fait sécher mon lilas

 

 

 

Dans ma peau opéré les coutures et nos murs sont tombés ne regrette pas les larmes que tu m’as fait couler "

 

 

II

 

La troisième strophe ne me satisfaisait et m'apparaissait plus faible que les deux premières. Les sons finaux des verbes " opéré " et " couler " étaient redondants d'autant qu'on venait de lire " sécher " à la fin de la deuxième strophe et j'ai estimé que les assonances et les allitérations - finissaient souvent par être conventionnelles et ne correspondaient pas à la forme nouvelle d'écriture que je cherche à produire. De plus ces trois terminaisons en ( é ) ne me semblaient pas s'accorder à mon objectif permanent de variété et de simplicité et également à celui d'une nouvelle musique. Puis j'ai eu l'idée de remplacer pour finir "  couler "  par "  verser ".   

 

Il reste à évoquer ce que j'appellerai la clef du texte, la trouvaille de " la seconde naissance " qui est une solution à la  " blessure " originelle - il s'agit bien d'une rédemption qui se fait après les " larmes " - et à renoncer à celle du texte initial " et nos murs sont tombés ". Cette image avait l'avantage d'insister sur l'union entre le " je " et  le " tu " comme j'aime souvent à l'exprimer. ( En accord avec bien des analyses contemporaines sur l'emploi de la première personne, il m'arrive de privilégier ce pronom de la deuxième personne qui correspond actuellement à un lyrisme distancié, voire à l'expression d'un neutre. )  

 

 

J'obtiens donc assez rapidement une version finale en peu de temps et, à mon sens, paraissent encore présentes l'émotion et la spontanéité ressenties lors de l'écriture du premier jet :

 

 

 

***" De qui vient la première blessure ? même à l’écart des autres la foudre peut t’atteindre tu allumes des feux sur ta colline

 

 

 

Y répands des semences pour conjurer le sort j’ai confiance moi aussi en l’invention humaine j’ai pour séduire fait sécher mon lilas

 

 

 

Dans ma peau opéré les coutures d’une seconde naissance ne regrette pas les larmes que tu m’as fait verser "

 

 

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30 octobre 2009 5 30 /10 /octobre /2009 23:08


A    Premier état

 

Tu chuchotais tes only you

quand je criais

c'est fini Capri

 

Nul regret exprimé par

nos gorges endeuillées

Nous courions sur des dunes où

le sable était cendre

 

Cendres de tes ailes sans cesse

brûlées ô notre phénix

De ton arbre tombent les mots

de nos poèmes

 

         Le texte relu a je ne sais quoi de particulier. Il me semble se situer quelque peu du côté de" l'évidence poétique ". Mais il est cependant bancal et manque totalement de " travail " comme s'il avait été bâclé. J'ai toujours pensé qu'il fallait se méfier du premier jet et d'une certaine facilité. Cela a été le cas pour ce texte.

 

B    Deuxième état

 

I

 

La première strophe subit des changements importants dont il s'agit ici de montrer les étapes. Il me paraît plus intéressant de généraliser " only you " en remplaçant " tes " par " des ". Puis au vers 3 j'ajoute " cruel " pour casser le rythme et renforcer " crier " du point de vue du son et du sens. De toute façon il fallait un quatrième vers au douzain et l'adjectif est bien plus qu'une sorte de cheville. Il est également d'autant plus intéressant que son isolement le met en relief et qu'il peut se rapporter autant au destinataire qu'à l'émetteur. 

Mais je suis très loin d'être satisfaite et la strophe reste à l'état de friche.

 

II

 

Le vers 6 me gêne. Le mot " endeuillées " a besoin d'une précision. En effet il s'agit des amours de jeunesse qui se font et se défont et le lecteur doit, sinon être éclairé, du moins participer au regret et ressentir l'émotion  qui définit pour moi en grande partie la poésie.Je fais donc dans ce but précéder le participe passé du complément de manière " sans cesse ".

 

III

 

Au vers 3 " sans cesse " devient " sans arrêt ". Par souci d'un certain chant je garde la même  préposition.

Les deux substantifs qui décrivent le phénix sont des mots-clés et me laissent très hésitante. Pour cette deuxième étape je laisse " corps " à la place d' "ailes ", quitte à risquer une allitération trop appuyée.

A la place d' " arbres " au vers 11 je pense à " ailes " ou à ce mot " arches " que j'ai employé dans ce texte de mon recueil Lyre en double :

              

                  Ma poésie ma troisième fille

j'ai tort d'attendre la fin de notre accouchement

                   ma poésie mon phénix fabuleux

du Japon où tu vis

tu voles d'arche en arche

jusqu'à forcer ma porte

 

Mon travail aboutit au résultat suivant :

 

Tu chuchotais des only you

quand je criais

cruel

c'est fini Capri

 

Nul regret exprimé par

nos gorges endeuillées

Nous courions sur des dunes où

le sable était cendre

 

Cendres de tes ailes sans cesse

brûlées ô notre phénix

De ton bûcher naissent les mots

de nos poèmes

 

 

C  Troisième état

 

I

 

Je désarticule alors la strophe car " tu chuchotais " m'est apparu soudain naïf:

 

Chansons des sixties

à nos only you

on ajoutait Capri

et on se séparait

 

Puis je m'aperçois que " paroles " est plus discret que " chansons ". Je remplace aussi " nos " par "  leurs " comme déterminant d' " only you  " car le sens était trop gauchi par rapport aux acteurs de la première personne puis choisis de faire précéder l'expression de la préposition  ""après " dans un souci de précision chronologique.

Enfin j'ai l'idée de mettre " finissait ", trouvaille heureuse et bien meilleure qu' " ajoutait " pour Capri. La chute se fait d'elle-même avec le verbe " se séparer " qui clôt le texte et annonce " endeuillées ". Et, pour l'harmonie générale du poème, je décide d'employer la première personne du pluriel jusqu'au dernier vers.

II

 

La strophe 2 reste inchangée.

En relisant des documents sur le phénix je fixe mon choix finalement sur le mot " bûcher " à la place d' " arbre ". Il sera le troisième mot d'une métaphore maintenant filée.

 

 

N.B. Ce texte final est en fait la suite d'un poème écrit le 3 août 2009 que je décide de livrer ci-dessous  :

 

 

                                                                                                                     à Robert Walser

 

Voilà que j'ai filé au rouet

 ma vie de l'odeur du lilas

au sourire Kennedy j'entends la musique

des sixties Odeur de terre mouillée

 

les nuits où je t'attends mes années

sont perdues

j'écris et j'apprivoise mes mots

avec le cœur qui pleure mais les yeux secs

 

O tout ce  bleu que je vois je veux

t'en faire crédit

te dire je suis né au printemps et

t'empêcher de mourir dans la neige

 

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------

 

Paroles des sixties

après leurs only you

nous finissions Capri

et nous sous séparions

 

Nul regret exprimé par

nos gorges sans cesse endeuillées

Nous courions sur des dunes où

le sable était cendre

 

Cendres de ton corps sans arrêt

brûlé ô notre phénix

De ton bûcher naissent les mots

diamants de nos poèmes

 

 

                                                                                              

 

                                                                                              

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30 octobre 2009 5 30 /10 /octobre /2009 23:03


I
Le texte suivant est inspiré de la  musique et des " adunata " (  formules de l'impossible ) qui caractérisent l'écriture d'Alain Duault dont je lis en ce moment le triptyque en cours.

Le travail de l'écriture est une aventure étonnante. On peut se mettre en condition avec la lecture d'un poème, la relecture d'un autre, se contenter de feuilleter un recueil à la recherche de mots à réserver, ou même vérifier le sens, l'étymologie, les emplois de mots rares.

 

 

Arracher les peaux du chagrin voilà

ce que je veux inventer même

des racines des chimères sans larmes

L'or de ma mémoire fabriquera

 

 



des promesses qu'on ne m'a jamais faites

J'ai lu hier Apollinaire Les émotions

ça fait si mal  tu n'es plus là

O avaler sa salive quand ça passe si mal

 

Je veux dormir avant La fatigue

m'a tué mourir avant que

de t'écrire est impossible

Le soleil brillera moins que l'or de ma mémoire

 

 

 



II

 



Strophe I

 



Je commence par corriger la fin du vers 2  et par enlever ce " même " qui n'est pas du tout à sa place. Mais je garde " inventer " auquel " racines  " et " chimères " correspondent bien comme objets directs et que je fais précéder d'un blanc. Celui-ci s'allie à la solennité de la première volonté et annonce la seconde, " inventer ", que je laisse elliptique sur le plan grammatical. La suite de la strophe me contente et je passe à la suivante qui va représenter le travail le plus important

 

 

Strophe 2

 

 

Deux problèmes se posent :

 

1-     la répétition de " ça fait si mal " ( j'éprouve toujours des réticences à en faire une )  doublée de l'emploi du neutre" ça " de langue  trop courante pour moi.

Il me faut des termes plus littéraires, plus " poétiques ", et en tout cas, davantage de musique.

C'est le moment de parler du choc que j'ai reçu la veille de l'écriture de ce texte dont le vers 6 est autobiographique. En feuilletant Alcools j'ai lu au hasard " La synagogue " et suis restée comme foudroyée par le génie musical d'Apollinaire. Il m'est apparu encore plus fortement  que d'habitude qu'il ne peut y avoir de poésie sans musique et que mieux, la musique est déterminante. Sans celle-ci, il ne peut y avoir, pour moi, d'émotion.

Et comme je viens de me procurer l'anthologie de Christophe Dauphin de ce qu'il  appelle " l'émotivisme " je me demande si on ne pourrait pas parler tout simplement de " musicalisme " sur le plan purement esthétique et formel.

Les sonorités des mots, leur alliance m'ont toujours semblé heuristiques. L'intérêt du poème" La synagogue " ne serait-il d'ailleurs pas principalement musical ?

 

2- De ce fait, la proposition " tu n'es plus là " est très faible pour rendre compte à la fois du choc lui-même, une émotion dont je ne suis pas encore remise, et du sens de ce choc.

Il me faut, tout en évitant le conventionnel, trouver la musique, voire l'incantation, dans l'expression la plus originale possible et empruntée, pourquoi pas, à Apollinaire.

La première qui me vient à l'esprit est le nom d'un des deux juifs " Ottamar Scholem ".

 

Ces changements me semblent provisoires tant je ressens l'importance de cette strophe dans l'ensemble de mon  recueil, Le Chant de l'enfance, et dans celui de ma recherche poétique :

 

 

J'ai lu hier Apollinaire Des émotions qui

font si mal      Ottamar Scholem

O avaler sa salive quand elle passe si mal

 

 

Strophe 3

Au vers 2  et 3  l'expression " avant que de " est franchement trop désuète mais je garde la répétition et double même la figure de style avec un chiasme : " et avant de mourir / pouvoir t'écrire " qui supprime " est impossible ".
J'aimerais, sans faire de l'ombre à la chute du derniers vers qui reste inchangée, terminer le vers par un substantif  provoquant un effet de surprise mais n'en trouve pas.

 

 

Arracher les peaux du chagrin voilà

ce que je veux   Inventer

des racines des chimères sans larmes

L'or de ma mémoire fabriquera

 


des promesses qu'on ne m'a jamais faites

J'ai lu hier Apollinaire Des émotions qui

font si mal      Ottamar Scholem

O avaler sa salive quand elle passe si mal

 

 

Je veux dormir avant La fatigue

m'a tué et avant de mourir

pouvoir t'écrire

Le soleil brillera moins que l'or de ma mémoire

 

 

 

III

 

 

Plusieurs modifications s'imposent encore.

 

 

Strophe 1

 

J'ai, en premier, l'idée  de mettre  au vers 2 " ce que je fais " à la place de " ce que je veux ". Le verbe " faire ", proche de ma réalité mentale actuelle, produira, me semble-t-il, un effet plus percutant.

 

 

Strophe 3

 

1- J'ai la même impression pour les vers 9 et 10 où je permute les deux propositions, quitte à supprimer le chiasme " dormir avant et mourir avant… "

 

 2-                                                     l'adunatone

Soleil tu brilleras moins que l'or de ma mémoire

 

Oserais-je imposer au lecteur un mot rare pour annoncer la chute, d'autant que je le fémininise visuellement pour permettre la prononciation grecque ?

J'en prends la responsabilité mais décide de l'éclaircir en le faisant suivre de deux points explicatifs car la chute est bien une figure de l'impossible.

Au dernier vers l'apostrophe s'impose, même si elle est trop classique, dans le but d'éviter un second article défini et surtout pour rendre un hommage final à Apollinaire qui a écrit " Soleil cou coupé ".

 

Strophe 3

 

La dernière décision est la plus difficile à prendre.

Il me faut choisir entre exprimer un certain mystère avec le nom propre Ottamar Scholem et libérer un sens.  J'ai, en effet, en feuilletant de nouveau Alcools, retrouvé à la fin d'un vers de " Zone "  l'expression " Lazare affolé par le jour " qui m'avait impressionnée quand j'avais étudié le recueil. Elle annoncerait et prolongerait à la fois " l'or de ma mémoire " mais je ne restituerais pas le choc autobiographique en ne citant plus " la synagogue ".

Comme cela n'a rien à voir, à mon avis, avec la qualité du texte, je préfère relire encore la strophe à haute voix et opte définitivement pour la première solution. L'incantation s'y réalise assez magiquement même si on peut lui reprocher un côté trop solennel. Je ne recule devant rien pour honorer la grande poésie, quitte à paraître manquer de simplicité. 

 

 

 

Arracher les peaux du chagrin voilà

ce que je fais    Inventer

des racines des chimères sans larmes

L'or de ma mémoire fabriquera

 


des promesses qu'on ne m'a jamais faites

J'ai lu hier Apollinaire Des émotions qui

font si mal    Ottamar Scholem

O avaler sa salive quand elle passe si mal

 

 

 La fatigue m'a tué Je veux dormir

 et avant de mourir pouvoir

 t'écrire l'adunatone  :

Soleil tu brilleras moins que l'or de ma mémoire

 

 

 

 

                                                                                                            juillet 2009

 

                                                                                                      

 

 

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30 octobre 2009 5 30 /10 /octobre /2009 22:54

 

réservoir : froisser  -  discret - tiroir - bleu fillette  -  stylo blanc – vacances - orties

 

L'inspiration se fait dans un premier jet et une spontanéité voulue par un souci premier de  " vérité " :

 

I

 

J'ai trouvé le bout de la nuit

souvenir discret du froissement de

ta robe bleu fillette et de ma colère quand

tu me piquais sans cesse le Visor pen

--------------------------------------------------------

La beauté balbutiait écrite à

à  l'encre du stylo blanc tu

t'en fichais des vacances suivantes

à l'âge

--------------------------------------------------------
Je crains de ne plus avoir peur après

ce souvenir de cesser de nourrir

ma mémoire                    quand

je regardais tes doigts courir sur le papier

 

II

 

Reprise du texte en friche et  incomplet ( vers 8 et 11 ) :

 

 

Strophe 1 :

 

A la fin du vers 1 j'ajoute " dans" puis rejette " le" au vers 2. La phrase s'alourdit mais le procédé de nominalisation est devenu conventionnel à mon sens, à force d'emplois, en tout cas dans mes textes récents.

Au vers 4, j'hésite à laisser une familiarité inhabituelle dans mon écriture et qui pourrait être artificielle, arbitraire. Puis je change le vers 3 en le terminant  par " quand "et  remplace, pour finir, " tu me piquais " par " tu te servais ".

 

Strophe 2 :

 


Le début de la strophe est inspirée par une commande de postface dans laquelle je devais expliquer mon rapport à la poésie et où j'ai eu plaisir à remonter jusqu'à l'enfance et à ma collection de stylos dont le plus beau de marque " Visor pen ", avait, tel le cou d'un cygne, un long corps fuselé blanc.

A la fin du vers 6, je supprime le pronom personnel " tu " car l'adresse à l'autre semble hors-sujet.  L'enfance, dans mon nouveau  recueil en cours, arrive à se chanter à force d'anamnèses qui concernent parfois, comme ici, mon seul rapport au monde.

Mais je ressens le besoin de créer un effet de surprise et personnifie la beauté en la faisant sujet du deuxième imparfait " s'en fichait ", trouvaille familière inspirée par le début d'un texte d'Alain Duault.

Grâce au réservoir de mots glanés en général dans mes lectures du jour ou, plus rarement, qui me viennent à l'esprit dans l'émotion produite par le texte en train de se faire, je me sers du mot " orties " ébauchant alors le vers 8 que je ressens comme provisoire.

 

Strophe 3 :

 

Comme la nominalisation, à la première strophe, l'absence de liaison au vers 2 me paraît ici une facilité. Et, paradoxalement, sa légèreté n'est - elle pas lourde d'anticonformisme  ? Alors j'ajoute, bien que cela soit plus prosaïque " mais si je " et dois enlever " sans cesse " au vers 4 car la répétition ne serait en rien signifiante.

Il me reste à trouver les mots qui manquent à l'avant-dernier vers. L'inspiration me vient par la logique du sens :  j'écris " j'oublierai de dire ici ma joie " en supprimant " quand "maintenant de trop et qui correspondait à une répétition involontaire du premier jet. La substitution du présent à l'imparfait pour le verbe " regarder " apporte un changement conséquent au sens texte.

J'aime bien les deux points - je tiens à terminer ainsi ce vers - qui réintroduisent, d'après moi, avec un effet de surprise et une possible originalité, une ponctuation toujours absente chez beaucoup d'auteurs.  

 

La deuxième version  qui suit  me semble meilleure mais en aucun cas  définitive :

 

 

 

J'ai trouvé le bout de la nuit dans 

le souvenir discret du froissement de

ta robe bleu fillette et ma colère quand

tu te servais du Visor pen

--------------------------------------------------------

La beauté balbutiait écrite à

l'encre du stylo blanc et

s'en fichait des vacances suivantes

à l'âge où l'on supporte la brûlure des orties

--------------------------------------------------------
Je crains de ne plus avoir peur après

ce souvenir  mais si je cesse de nourrir

ma mémoire j'oublierai de dire ici ma joie :

je regarde tes doigts courir sur le papier

 

 

III

 

Je décide de laisser " reposer " le texte avant la troisième et dernière version et du même coup mûrir ma réflexion autant sur le style, le rythme que sur le sens de certains vers.

 

 

Strophe I

 

Je me trouve  satisfaite du début puisque le vers 1 correspond à mon sentiment présent, la joie d'entendre enfin le chant, ici celui de l'enfance, et d'arriver à le reproduire.

Au vers 2 les sonorités gutturales  font contrepoids à la douceur du sens. mais je supprime de toute façon l'adjectif " discret " qui fait pléonasme avec  " froissement ".

Enfin je remplace  " tu te servais " par " tu me prenais " car je trouve que le verbe " prendre " est plus agressif et s'allie au sentiment de colère. La signification de cette habitude sera donnée au dernier vers.

 

 


Strophe 2

 

 


Je ne change ni les deux premiers vers avec lesquels j'entretiens un rapport affectif et choisis de me risquer à laisser une audace avec le troisième ; mais le vers 4 ne me paraît pas pouvoir rester en l'état car le début fait hiatus" à -  où - on " et je le simplifie en mettant à la place " à l'âge où les orties vous brûlent ".

 

Strophe 3

 


Je renforce l'idée de souvenir en remplaçant le démonstratif " ce " par l'indéfini " tel " et j'hésite pour ce même vers 2 à remplacer " nourrir " mais préfère laisser une image concrète correspondant à l'esprit du recueil.

Je termine en supprimant  au vers 3" ici", en fin de compte, lourd et banal.

 

 

 

 

 

J'ai trouvé le bout de la nuit dans 

le souvenir du froissement de

ta robe bleu fillette et de ma colère quand

tu me prenais le Visor pen

--------------------------------------------------------

La beauté balbutiait écrite à

l'encre du stylo blanc et

s'en fichait des vacances suivantes

à l'âge où les orties vous brûlent

--------------------------------------------------------
Je crains de ne plus avoir peur après

un tel souvenir  mais si je cesse de nourrir

ma mémoire j'oublierai de dire ici ma joie :

je regarde tes doigts courir sur le papier

 

 

 

 

 

                                                                                                                 

 

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  • : Le blog de FRANCE BURGHELLE REY
  • : "J'émerveille" a dit Apollinaire. Un blog qui veut honorer la poésie et transmettre la joie qui s'attache à la création littéraire. La lecture et l'analyse des œuvres sont un passage obligé vers l'écriture personnelle. De nombreux articles témoignent ici de cette expérience personnelle.
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